[Rallye-Raid] Maroc Historic Rally - Les mots de l'organisateur sur l'édition 2021 !
Maroc Historic Rally Rallye-RaidDepuis la fin de l’été, Yves Loubet était sur des charbons ardents. L’apaisement de la pandémie, et la réouverture des frontières vont permettre au Maroc Historic Rally d’avoir lieu en 2021. Ce sera la onzième édition, et c’est prévu pour le mois de décembre, du 7 au 12.
Une grosse surprise attend les concurrents : on n’aura pas UN vainqueur cette année, mais bien TROIS !
Maroc Historic Rally : l'édition 2021
- Yves Loubet, vous avez dû trouver le temps long durant ces dix-huit derniers mois…
-C’était long pour tout le monde. Mais je ne me suis pas ennuyé, parce que mes rallyes -qu’ils soient reportés ou pas- et mes concurrents, je m’en occupe tout le temps. Je ne les laisse jamais tomber. Devoir annuler le Maroc Historic en 2020, déjà c’était dur. Et ne pas le faire en 2021, là ç’aurait été carrément trop, trop dur. Heureusement, cette fois on y va.
-Dans les montagnes du Maroc en décembre, il peut y avoir de la neige, non ?
-Mais justement, là où on a un peu de chance cette année, c’est que les montagnes on n’y va pas. Je parcours que j’avais tracé pour 2020 ne passait pas par les routes d’altitude. Du coup j’ai pu quasiment faire un copier-coller pour 2021. Ce que je ne fais jamais d’habitude, puisque chaque année j’emmène mes concurrents dans des endroits nouveaux. Il y en a tellement, et tous tellement beaux au Maroc, qu’on peut passer sa vie à en découvrir ! Donc là, en décembre dans la zone Essaouira-Marrakech où nous allons, on aura le climat idéal pour la saison, 24°-26° en moyenne. Sous un ciel aux couleurs magiques.
-Le Maroc Historic, vous en êtes à l’origine ?
-Non, au départ ce n’est pas moi qui ai l’idée. C’est José Andreani, qui est un familier du pays. Mais j’ai travaillé avec lui dès la première édition, avant de le prendre en charge complètement. Et donc en 2010, moi je me plonge dans les archives du Rallye du Maroc et je tombe amoureux fou, envoûté par le pays et par cette course. Et pour tracer l’itinéraire, je pars complètement à l’aventure, avec Jean-Bernard Vieux, un de mes anciens copilotes. Je pars sur les routes de l’Histoire, quand elles existent encore. D’autres ont été goudronnées. Ce rallye, au tout début de son existence, dans les années 1930, c’était un marathon : 5000 kilomètres, avec des étapes de 800 kilomètres !
-C’est en partie ce qui vous a ‘’envoûté’’ ?
-Mais tout, tout, tout m’a subjugué ! Tout est exceptionnel. Des pistes comme celles du Maroc, en rallye on n’en trouve qu’en Finlande, en Suède et en Estonie. C’est le fantasme absolu du pilote de rallye sur terre, avec des profils ultra rapides, des grandes courbes, dans des paysages d’un autre monde.
-Bon, vous avez fait un ‘’copier-coller’’ du parcours, mais il y a tout de même du neuf en 2021…
-Oui, j’ai voulu un nouveau règlement. Parce que l’essence même du rallye historique, c’est d’aligner 40 ans d’histoire sur le plateau. Et sur un rallye ‘’terre’’, si on oppose les 4-roues motrices des années 86-90, aux 2-roues motrices plus anciennes, c’est perdu d’avance pour celles-ci. Et ce que je veux, c’est coller au plus près de la réalité. Avant je ne prenais pas les J2 pour ne pas ‘’tuer’’ la course. Maintenant oui, mais dans un cadre tout nouveau. Le plaisir de jouer la gagne ne sera pas réservé aux concurrents d’une seule catégorie.
-C’est-à-dire ?
-En historique, on fonctionne par ‘’périodes’’. E pour les voitures des années 47-61 ; F pour les 62-65 ; et puis les G1 (66-69), G2 (70-71), GR (G1 + G2). Et les H1 (72-75), H2 (76), I (77-81), J1 (82-85), J2 (86-90). Les J1 je les ai ‘’inventées’’ pour le Maroc. Parce que je voulais voir sur nos pistes ces voitures qui m’ont fait rêver, les premières 2-roues motrices du Groupe B, les Lancia 037, les Opel Manta 400… Bon, donc moi aujourd’hui je veux simplifier : au Maroc Historic, pour la première fois, on ne parlera plus de périodes ni de catégories, mais de générations. Et des générations, nous en aurons trois. En respectant une cohérence de performances.
Les catégories
Génération 1
De 1947 à 1971, où on retrouvera entre autres les DS et les 504.
Génération 2
Celles qu’on voit le plus couramment, les voitures de 1972 à 1985
Génération 3
Elle regroupera les autos des années 1986-90, les 2 et 4 roues motrices, BMW M3, Ford Sierra, Lancia Delta, Toyota 4WD, Mazda 323, Subaru Legacy… des monstres de voitures ! Et pour la première fois au Maroc Historic, il n’y aura pas un vainqueur au classement général, mais bien trois vainqueurs, un par génération.
Pour conclure
-Là, on retrouve bien l’esprit de vos rallyes !
-Je ne sais pas si c’est un ‘’esprit’’, mais ce que je veux en tout cas, c’est que mes concurrents soient heureux. On vient sur mes rallyes pour ça. On vient pour l’amour de la course et des voitures, mais on vient aussi et surtout pour tous les super moments partagés. Pour être subjugués par les paysages. Pour rencontrer les gens. Pour aller à la découverte d’un pays. Chez nous, c’est ‘’le temps des copains’’. Tout le monde est motivé par l’attrait de la compétition, mais on ne se prend pas la tête. On fait les choses proprement et sérieusement, mais on s’amuse et on rigole et on rêve.
-Le Maroc Historic, c’est aussi l’occasion de rappeler la place qu’ont tenue autrefois les marques et les pilotes français ?
-Mais bien sûr ! En 1973, c’est en remportant le Rallye du Maroc qu’Alpine devient Champion du Monde des Constructeurs, pour la première édition de ce Championnat, qui était jusque-là baptisé ‘’Coupe des Constructeurs’’. Bernard Darniche est le vainqueur. Je pense que le plus performant sur cette terre, était Jean-Luc Thérier. Reste que le seul à avoir gagné trois fois, c’est Jean-Pierre Nicolas. J’aime bien rappeler aussi que sa seule victoire en Championnat du Monde des Rallyes, la Citroën SM l’a remportée au Maroc, avec Jean Deschaseaux ; il vivait au Maroc ; il connaissait le terrain par cœur.
-Quel Maroc avez-vous retrouvé lorsque vous avez pu y revenir pour finaliser le rallye 2021 ?
-Le même qu’avant ! Vivant. Au boulot. En pleine effervescence. C’est bouillant d’énergie partout, dans les villes comme dans le rural.
-Tous les concurrents engagés en 2021 seront-ils au rendez-vous ?
-Hélas non, parce que certains ne peuvent pas encore quitter leur pays. Mais nous en avons d’autres, venus d’ailleurs.
-Sans tout dévoiler du parcours, pouvez-vous en donner un avant-goût ?
-On commence le 7 décembre par un petit prologue à Essaouira, deux petites spéciales de 10 km, pour que chacun prenne ses marques et trouve sa place. Le mercredi on reste autour d’Essaouira, à l’est et au sud. Le jeudi on monte un peu vers le nord. Au programme du jeudi, deux spéciales magiques qu’on fait deux fois chacune, pour arriver à Chichaoua (à 60 km de Marrakech où on va dormir). Le samedi nous emmène autour de Ben Guerir. Et on termine le dimanche à Marrakech, là encore après des spéciales incroyables. Voilà. Ils vont être heureux, ça j’en suis sûr. Et moi, ma ‘’névrose obsessionnelle’’, c’est d’apporter une overdose d’émerveillement aux concurrents. Je me nourris au plaisir que je vais leur donner avec mes rallyes. Et là, je ne vais pas avoir faim !!!